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  • Une Cérémonie de la Jurade

  • Le Couvent des cloches

    • Accès : les vestiges extérieurs du couvent sont visibles depuis le haut de la rue Guadet, à hauteur de la mairie. En revanche, ses portes ne sont ouvertes que lors de manifestations, le plus souvent publiques. Tentez votre chance.

    Lorsqu’au XIVe siècle les Dominicains quittèrent définitivement leur couvent à l’extérieur de la cité, dont il ne reste plus que le superbe vestige au milieu des champs que l’on nomme la Grande muraille, ils demandèrent à s’installer en ville. La densité urbaine étant déjà importante, il a fallu attendre qu’en 1378, Jean, Seigneur de Neuville, lieutenant-général pour le roi en Guyenne, leur cède un terrain compris entre l’impasse des AyresIl est amusant de noter que le couvent des Dominicains à Bordeaux est aussi situé rue des Ayres. Ce mot, d’origine occitane, désigne un petit terrain inculte, parfois utilisé pour le battage des moissons. et l’impasse de la GrouletteLe quartier s’appelait le Graulet ou la Groulette au moment de la cession. et s’étendant de la rue des Grands bancs (aujourd’hui rue Guadet) aux murailles de la ville. En échange de cette concession, les frères devaient dire une prière pour le Roi tous les 7 décembre à perpétuité. Le pape Boniface IX confirme l’autorisation en 1389 puis 1397 mais, toutefois, ils n’en prirent définitivement possession qu’en 1402Lettre patente du 12 août 1402 d’Edouard de Nalhies, gouverneur de Guyenne..

    Derrière la porte de la salle des Dominicains. Cliché : Librairie des Colporteurs.

    Ils restèrent là quatre siècles, préservant le foncier de tout traçage de voies. Lorsqu’on regarde le plan de Saint-Emilion, on voit nettement l’empreinte pleine laissée par l’emprise du couvent sur un quartier entier. Voici comment sont décrits les lieux lors de l’inventaire des biens nationaux en 1791 : « plusieurs bâtiments, une église, deux sacristies, cour d’entrée, un grand corps de logis composé dans le bas : d’un corridor, réfectoire, deux salles, deux petites chambres, cuisine, office et une souillarde, puits et jardin ; dans le haut : d’un corridor, cinq chambres, une bibliothèque, une petite chambre pour les archives et une pour l’infirmerie…, contenant le tout treize cent trente-six toises carrées de six pieds chacune, pied de Roy Soit 5 ha environ d’après Claude Pribetich Aznar, Mesurer les bâtiments anciens, in Histoire & mesure, vol. XVI, n° 3-4, Paris, Ehess, 2001.

    Malgré l’importance de cet établissement religieux, il ne reste plus grand chose de visible. Les restes de l’église conventuelle portent désormais le nom de salle des Dominicains, les jacobins étant des religieux dominicains. On peut encore admirer dans la rue Guadet le beau portail fin XIVe – début XVe de la chapelle avec ses élégantes fenêtres et ses grandes arcades. Deux niches gothiques vides encadrent la porte de la nef méridionale, sur leur socle on distingue des inscriptions en lettres gothiques. La seconde signifie P : Priez pour nous, la première est plus rebelle à l’interprétation. Remarquez aussi les écussons sur les chapiteaux du trumeau. Sur la gauche, le bâtiment moderne du Couvent des Jacobins, englobe quelques vestiges plus anciens.

    Cette église ne se visite normalement pas mais étant donnée sa transformation en salle de réception, elle est fréquemment ouverte pour des manifestations. L’intérieur n’a presque rien gardé de l’aspect original mais les aménagements réalisés avec goût en font un espace très agréable. D’élégants piliers soutiennent les arcs brisés qui séparent les nefs tandis qu’un vitrail moderne projette ses couleurs lumineuses sur le sol dallé. Au fond de la salle, comme souvent dans les établissements religieux de Saint-Emilion, un escalier donne accès au réseau de carrières sous la ville.

    C’est dans cette église que l’on vénérait la statue de Saint-Valery en bois polychrome. Cette représentation du patron des vignerons, supposée miraculeuse, est actuellement conservée dans l’église de la Collégiale. D’après Léo DrouynGuide du voyageur, p. 140. Voyez la bibliographie., la fête du saint « attirait à Saint-Emilion un si grand concours de pèlerins de tout âge et de tout sexe, que les maisons et les hôtelleries étaient insuffisantes pour les loger ; on répandait de la paille dans les galeries du cloître de l’église Collégiale, où tous ceux qui n’avaient pu trouver de gîte se couchaient pêle-mêle. »

    De l’autre côté, les jardins s’étendent jusqu’aux murailles de la cité. Ces dernières n’ont plus leurs élévations défensives ; les jacobins obtinrent en 1740 une permission de la Jurade pour raser le mur à hauteur d’appui. Dans le jardin s’élève encore le clocher carré, en partie démoli, que l’on appelait communément « la tour des Jacobins ». On a placé dans ce jardin un petit canon pas très ancien.

    La Fabrique de cloches

    L’église fut saisie sous la Révolution puis transformée en atelier de poudres et salpêtres. Antoine Vauthier s’y installa pour fondre des cloches. Par la suite, l’église fut rebaptisée « Chez Nous » et accueillit gymnastes et théâtre. Finalement, le syndicat viticole la racheta pour la transformer en salle de réception.

    L’intérieur de l’atelier de fonderie de cloches d’après une publicité du temps. Cliché : Librairie des Colporteurs.

    L’épisode de la fonderie de cloche a laissé un souvenir durable car la renommée des cloches fabriquées à Saint-Emilion se répandit bien au-delà de la juridiction. Lorsqu’Antoine Vauthier s’installa en 1864, l’église n’avait plus de toiture et menaçait ruine. Il récupère la marquise de la gare de Libourne et la fait monter en couverture de l’église des Dominicains. Antoine Vauthier creuse aussi deux fosses pour installer les moules des cloches, monte trois fourneaux et suspend des grues de diverse puissance. Il élève enfin une cheminée en brique qui vient doubler et dépasser le clocher de l’église. Etienne Emile Vauthier assiste son père dans la fabrication des cloches et, ensemble, ils donneront leur carillon aux églises de Libourne et Branne pour exemples dans la région, et plus loin : Saint-Pierre de la Martinique, Saint-Paul de la Réunion, Rufisque (Sénégal), Buenos-Aires, Montevideo, Travancore (Inde), Chaguanas (Antilles), etc. Entre 1848 et 1914, année de la fermeture définitive, les Vauthier livrent plus de 1000 cloches à travers la France et le monde.

    Tensions autour d’un puits

    Un peu plus loin, contre le mur de la place du Chapitre et des JacobinsAutrefois place des R.R. P.P. Jacobins, puis place Bonneau, puis place Branly., peu avant la bouche à incendie, existait un puits appartenant au couvent qui eut doublement l’occasion de faire parler de lui. « Il était si peu commun, nous dit Emile ProtRevue historique et archéologique du Libournais, tome XXXVI, n° 130, Libourne, 1968, p. 120., en forme de corbeille, qu’il était en instance de classement par les Monuments historiques quand, sans préavis ni délibération du conseil municipal, il fut prestement démoli. » La raison de ce nouveau saccage fut que l’on avait besoin de pierre pour remblayer le chemin.

    Le beau vitrail de la salle des Dominicains. Cliché : Librairie des Colporteurs.

    Autre affaire, au XVIIIe siècle, en 1782 précisément : ce puits était mitoyen et les habitants de la ville venaient y chercher leur eau de consommation. Or, les frères dominicains creusèrent une profonde excavation de l’autre coté du mur, dans le terrain leur appartenant. Les eaux de pluie y stagnèrent et s’infiltrèrent tant dans le puits que l’eau devint non potable. Ceci ne manqua pas de soulever la colère des habitants, d’autant que les frères avaient à leur disposition deux puits intra muros qui les mettaient à l’abri du besoin en eau potable. Les Jacobins se défendirent en arguant du fait que la place leur appartenait et qu’ils avaient l’intention d’y reconstruire la fournière qui existait jadis et dans laquelle ils faisaient cuire leur painEn effet, Emile Prot témoigne de l’existence de fondations sur cette place, bien visibles avant qu’elle ne fut goudronnée en 1966. Op. Cit, p. 121..

    D’après le dossier de cette affaire conservé aux archives municipales, les esprits s’échauffèrent à mesure que la procédure d’enquête trainait en longueur. Tant et si bien que « le sieur Guadet, maire, en robe de chambre et en bonnet, jambes nues se transporta sur le local, à trois heures du matin (…) et se servant de termes indécents et tutoyant le répondant menaça de mettre tout le monde en prison ». On combla finalement l’excavation.

    ((/public/guide.png|Le Guide de Saint-Emilion|L|Le Guide de Saint-Emilion, juil. 2009))

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  • Escalettes et passages secrets

    • Accès : Ce circuit de 30 minutes environ forme une boucle que l’on peut prendre en n’importe quel point du tracé.

    Les escalettes, du bas latin scalarium (la montée) sont des petits passages piétons entre les maisons qui passent le plus souvent inaperçus. Témoins du maillage médiéval avant les transformations de la fin du XIXe siècle, les escalettes gardent le charme pittoresque de petits chemins escarpés offrant des raccourcis particulièrement empruntés du temps où les rues étaient encombrées les jours de foire.

    Légende

    # – Passage de la Tourelle, chemine parmi les derniers jardins potagers de la cité. Au bout, attache pour accrocher un attelage.
    # – Escalette du Guetteur, suit le tracé de la roche et des fortifications. Jadis elle permettait d’atteindre la rue Guadet, elle est maintenant fermée au niveau du noyer. Beau point de vue sur la ville.
    # – Passage des Cordeliers, dessert les jardins à l’abri des remparts. Belles portes d’enclos et puits couvert des Cordeliers (comblé) en saillie du mur.
    # – Escalette André Goudicheau, la plus resserrée, discrète et aussi la moins fréquentée. Idéale pour semer un espion.
    # – Le Grand escalier, abrupt il descend le long de vestiges de maisons médiévales.
    # – Passage de la Tour du roi, suit l’étagement des structures de la tour et surplombe le grand lavoir.
    # – Escalette Panet, concentration de caves troglodytes à mi-pente.
    # – Escalette de la Porte Sainte Marie, la plus tortueuse des escalettes. Beau point de vue sur la cour de l’hospice de la Madeleine.
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  • La Chapelle des anges gardiens

    • Accès : il vous faut grimper sur le plateau du château Ausone. C’est possible depuis la porte Sainte Marie mais nous vous recommandons de commencer votre promenade à droite de la place Bouqueyre et de suivre la rue de la Madeleine. Ni la chapelle ni la rotonde ne se visitent à moins d’obtenir une permission particulière, mais la chapelle reste bien visible de l’extérieur de la propriété.

    C’est une élégante petite chapelle, isolée sur son plateau et entourée de vignes, avec en toile de fond l’imposante demeure du château Ausone. Elle repose sur une multitude de tombes creusées à même le roc, aujourd’hui couvertes par le remblai des vignes mais jadis assassines pour les chevilles du promeneur trop pressé. Ces tombes couvrent le plateau et on peut encore en apercevoir à gauche, près des colonnes du portail d’Ausone, ou bien à droite, lorsque le chemin contourne la propriété.

    Ces tombes qui contenaient des dépouilles adultes ou juvéniles, déposées dans les creux taillés aux dimensions du corps et de la tête du défunt, étaient ensuite refermées par des dalles. Cette colline mortuaire existait avant l’installation de la chapelle comme le prouve les murs construits au dessus des cavités et l’orientation des sépultures tournées vers le nord est alors que la chapelle est dirigée vers l’orient.

    Intérieur de la chapelle. Remarquez au sol les tombes creusées avant l’édification de la chapelle. Cliché : Serge Bois-Prevost.

    «Au milieu de toutes les merveilles que renferme la ville de Saint-Emilion, la chapelle de la Magdeleine se fait remarquer autant par sa position pittoresque que par la beauté et la simplicité de sa construction.», écrit Léo Drouyn en 1859Guide du voyageur, p. 122. Voyez la bibliographie.

    Chapelle hors murs de la cité, elle dépendait sans doute d’une église plus importante dont il reste des ruines dans un jardin : Sainte-Marie-de-Fussiniac. Ses chapiteaux rappellent ceux des chapelles de la Trinité et du Chapitre et on peut estimer son édification au commencement du XIIIe siècle. Son style est en tout point roman, ses murs sont entièrement peints et elle était probablement destinée aux veillées funéraires. A la fin du XVIe siècle, elle devint lieu de culte protestant puis, devenue bien national sous la Révolution, elle fut vendue en 1791 et devint propriété privée.

    Un petit sanctuaire a été aménagé sous son chevet, remarquable tombeau en forme de rotonde. Malheureusement la main de l’homme et l’érosion en ont détruit les deux tiers. C’est d’autant plus regrettable que la coupole de la rotonde est peinte d’une remarquable scène datant du XIVe. Un puits de jour, percé au centre de la coupole, assurait l’éclairage du sanctuaire. La lumière inondait la coupole faisant s’animer la scène peuplée d’hommes, de saints et de monstres rouges, ocres et noirs. Cette peinture rupestre évoque le jugement dernier, thème particulièrement représenté à Saint-Emilion. On y distingue une ville fortifiée aux ouvertures gémellées comme pour le Palais cardinal et peuplée d’anges : c’est la Jérusalem céleste. A son sommet, le Christ couronne la Vierge.

    Cette image symbolique est particulièrement intéressante car elle exprime une problématique propre au style gothique. Considérer que la Vierge Marie puisse être couronnée, c’est admettre son assomption et faire d’elle le premier humain à accéder à la vie divine. Cette interprétation des évangiles très en vogue au XIIIe siècle considère Marie comme reine. Son couronnement associé au jugement délivre un message rassurant : la fin du monde sera une chose terrible mais, comme Marie symbole de l’humanité rachetée, certains humains participeront à la vie de Dieu.

    On distingue saint Jacques qui, coiffé d’un chapeau à la place de son auréole et vêtu comme un pèlerin portant coquille et bâton, conduit un élu à la cité, probablement pèlerin lui-même.

    Au bas, deux scènes s’opposent. A droite, un cortège d’élus composé d’un roi, d’une femme, d’un enfant, d’un évêque et d’un personnage nimbé, est accueilli par trois anges. A gauche, les damnés nus, en route pour l’enfer, sont pressés par un diable rouge aux énormes pattes griffues. Une corde enlace le groupe, le précipitant dans la gueule du Léviathan.
    Michelle Gaborit dans ses ouvrages sur les peintures de la chapelleVoyez la biographie. remarque plusieurs singularités : la place modeste réservée au Christ, l’absence de saint Pierre, le rôle important dévolu aux anges, l’absence de résurrection des morts et la mise en valeur de saint Jacques. Autant de particularités qui disent les préoccupations propres à Saint-Emilion : le chemin de Compostelle, la foi en les anges gardiens, par exemples.

    Interprétation assez fidèle des peintures de la Magdeleine d’après une carte postale du début du XXe siècle. Cliché : Librairie des Colporteurs.

    La présence d’une iconographie aussi élaborée dans un modeste tombeau isolé hors de la cité n’a pas manqué d’intriguer chercheurs et curieux. Pour les uns, il s’agit d’un ossuaire destiné à recueillir par l’orifice les restes des tombes que l’on vidaitThèse de Léo Drouyn. , pour d’autres un espace privilégié pour des reliquesOpinion exprimée par Jean-Luc Piat lors du colloque Ausonius., un tombeau décoré comme une enluminure de manuscritSelon Michelle Gaborit., etc.

    D’autres thèses peu vraisemblables circulent que nous ne reportons ici que pour leur exotisme. Le vocable de Sainte-Marie-de-Fussiniac serait une antique erreur de retranscription : le lieu serait en fait consacré à Sainte-Marie-de-Fustat, du nom de la vieille ville du Caire où une église consacrée à Sainte-Marie, dans laquelle la Sainte Famille aurait logé pendant son séjour en Egypte, devint lieu de pèlerinage. La rotonde souterraine serait un lieu de culte dérobé (d’où son établissent au-delà des murs de la cité) consacré à Marie Magdeleine en qui certains voient l’épouse du Christ. Quant à la Jérusalem Céleste peinte sur la rotonde, elle trahirait le caractère templier de la chapelle…
    ((/public/guide.png|Le Guide de Saint-Emilion|L|Le Guide de Saint-Emilion, juil. 2009))

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  • L’Autre Sanctuaire

    • Accès : il vous faut grimper sur le plateau du château Ausone. C’est possible depuis la porte Sainte Marie mais nous vous recommandons de commencer votre promenade à droite de la place Bouqueyre et de suivre la rue de la Madeleine.

    La légende fait arriver saint Emilian au VIIIe siècle dans la combe sauvage de l’actuelle place du marché. L’ermite s’y installe profitant de la grande solitude du lieu, propice à la méditation. A la suite de quoi, le site devint sacré : on bâtit une église dans la roche, on creusa des tombes sur les parois de la falaise et on créa une étrange rotonde sous le rocher. Au XIIe siècle, le chantier est achevé et Saint-Emilion entre dans l’Histoire. Voilà pour l’essentiel de la thèse communément admise et peu discutée.

    Pourtant, cette version de l’histoire de la cité se heurte à un problème de taille : il existe un autre Saint-Emilion, antérieur au complexe funéraire de l’église souterraine bien qu’étrangement semblable. Ce village fantôme, c’est le premier Saint-Emilion, celui que l’histoire a longtemps négligé et qui revient en force au XXIe siècle pour brouiller les certitudes et intensifier l’énigme. Allons ensemble dans un des lieux les plus secrets de Saint-Emilion, celui où trop peu de visiteurs s’aventurent, entrons dans les coulisses de la vérité.

    Cet endroit, c’est le plateau sur lequel est installé le Château Ausone. On peut s’y rendre par la porte Sainte Marie et le petit passage entre les carrières sur la gauche lorsqu’on a les remparts dans le dos. Mais la promenade depuis le bas, de la place Bouqueyre, jusqu’au sommet du plateau n’est pas à négliger. En suivant le tracé des remparts sud dont on voit une bribe sous la végétation, on chemine entre le vignoble d’Ausone de l’autre coté du muret et les caves troglodytes sur le bord de la route.

    Vous croiserez bientôt le curieux pilier d’angle du château Ausone, à gauche sur le muret. Ce qui aurait du être un pilier rectangulaire XIXe classique offre ici un remarquable jeu d’optique, comme s’il avait été écrasé et déformé sous une pression invisible. Une fois passé le pilier, considérez les jardins sur la droite. Touchant le muret de la route, des ruines couvertes de végétation sont tout ce qui reste de la première église de la cité : Sainte-Marie de Fussiniac (ou Fussignac)Nous nommerons ainsi l’ensemble des bâtiments du plateau car il est ainsi répertorié dans la Gallia Christiana, folio 364. En réalité, il s’agit vraisemblablement d’une erreur de copiste sur l’exemplaire qui nous est parvenu. Il pourrait tout simplement s’agir de Sainte Marie de la Magdeleine.. C’est elle qui aura donné son nom à la porte voisine défendant l’entrée de la cité.

    ((/public/Fussiniac1.png|Plan de Léo Drouyn|L|Plan de Léo Drouyn, juin 2009))

    Disposition de la chapelle et des ruines de l’église selon un plan (détail) de Léo Drouyn. Cliché : Librairie des Colporteurs.

    Malheureusement incluses dans une propriété privée, ces ruines ne sont plus accessibles. Il reste le soubassement d’un mur ponctué d’un départ de cinq colonnes romanes, portion du choeur d’une vingtaine de mètres de long qu’a dessiné Léo Drouyn (voyez ci-contre) d’après des relevés sur le terrain. Voici la description qu’il en fait :

    « Ce plan devait se composer d’une nef de 13 mètres environ de long, suivie à l’est d’une abside de 8 mètres, composée de neuf pans coupés. Celui du milieu se prolongeait à l’orient pour former une petite chapelle carrée : cette chapelle absidiale est encore une des raretés de la Gironde. Un mur en retour d’équerre prouve que la nef était plus large que l’abside de 4 mètres environ. »

    Cette église date du XIe siècle et fut certainement édifiée avant l’église souterraine. Elle n’a été détruite que récemment, pendant la Révolution, et on doit signaler sur la margelle d’un puits à proximité un très beau chapiteau orné de deux colombes buvant au calice. C’est sans doute un réemploi d’un élément de l’église. Une récente étude a mis à jour des bases de colonnes qui prolongent l’emprise de l’église sur le plateau de la MadeleineRapport de fouille inédit, Christian Scuiller, janvier 2012..

    Sa présence, à l’extérieur des remparts, pose un problème logique. Si saint Emilian est bien arrivé dans un lieu sauvage au VIIIe siècle et qu’à sa mort on a commencé à bâtir un complexe religieux autour de son ermitage, alors qu’est-ce que cette église fait ici ? Certes, comme l’a montré Frédéric Boutoulle, l’espace était déjà structuré en plusieurs endroits au XIe siècle qui faisaient l’enjeu de rivalités seigneurialesVignes, vins et vignerons de Saint-Emilion et d’ailleurs, pp. 49 & ss. Voyez la bibliographie.. Mais le constat de cette dispersion ne suffit pas à l’expliquer.

    Pour les chercheurs, la réponse s’impose d’elle-même : l’installation des religieux à cet emplacement précis du plateau est très ancienne, certainement antérieure à l’entreprise de fortification de la cité. On pense même que cette église fut le dernier témoignage encore debout d’un ensemble plus important : le monastère de Sainte Marie de Fussiniac.

    Ce monastère existait-il à l’arrivée de l’ermite ? L’idée, d’abord combattue, commence à gagner du terrain. La légende qui veut que le saint Ermite arrive dans un paysage vide semble de plus en plus douteuse. La combe était peuplée, déjà au carrefour de voies de circulation, et très probablement sous contrôle du monastère de Sainte Marie de Fussiniac quand l’ermite arriva. Le monastère occupait l’ensemble du plateau et il fut probablement détruit par les sarrasins vers 730 (d’après la Gallia Christania), c’est-à-dire lorsque les Maures de la péninsule ibérique multiplièrent les raids dans le Midi. C’est dans ce contexte, soit de destruction soit de reconstruction possible par les Bénédictins, que le saint Ermite entre dans la combe. L’enquête ne sera vraiment terminée et le mystère élucidé que lorsque on aura les réponses aux questions suivantes : Emilian a-t-il été accueilli par le monastère ? Quel genre d’ermite était-il dès lors ?

    Le Berceau des Combes

    Pour l’heure, continuons notre promenade jusqu’à hauteur des deux piliers qui signalent l’entrée du château Ausone. A hauteur du pilier de droite, grimpez sur le bloc de rocher et regardez à vos pieds : il est percé de tombes anthropomorphes, c’est-à-dire à forme humaine avec un creux rond pour reposer la tête. Il y en a de toutes les tailles, pour les adultes comme pour les enfants, et surtout… il y en a partout. Aujourd’hui, elles sont dissimulées par les vignes qui les recouvrent ou simplement détruites. Mais au siècle dernier, on les découvrait avec effroi et les ossements s’entassaient dans la chapelle de la Magdeleine que vous apercevez un peu plus haut. Cet endroit si prestigieux, si calme et agréable aujourd’hui avait fort mauvaise réputation jadis. On l’appelait le charnier. Les cheminées sortant de terre à droite et à gauche créaient en hiver une épaisse fumée stagnante des plus lugubres. Edgar Allan Poe aurait trouvé ici matière à inspiration.

    Damien Delanghe rapporte cette anecdote dans on ouvrage sur les caves d’AusoneLes Caves d’Ausone, p. 35. Voyez la bibliographie. :

    « A la suite d’une épidémie de peste, des morts de contagion ont été ensevelis au cimetière de La Madeleine sur le haut d’un tertre où le rocher est si près que les fosses ne se peuvent faire que dans le roc, et ne se trouvant de terre suffisamment pour couvrir les corps, il est arrivé que les chiens des lieux circonvoisins ont désenseveli ces corps pestiférés, les ont mangés ou emportés et ont communiqué l’infection aux maisons de leurs maîtres. »

    Il est vrai que si les tombes creusées dans le roc accueillaient à l’origine des corps soigneusement placés, que l’on couvrait hermétiquement de dalles à feuillures, on entassa plus tard plusieurs corps les uns sur les autres sans trop de précautions, surchargeant le cimetière sous une mince couche de terreJean-Philippe Brécy, Saint-Emilion (Gironde) in Cahiers Médiévaux, vol.n°7. 1971, pp.21-23..

    Des milliers de morts furent enterrés sur ce vaste terrain, certains venaient de loin, laissant supposer une attraction particulière du lieu. Une lanterne des morts placée au sommet d’une très haute croix brillait de ses feux au sommet du plateau, comme un phare sur le rocher. Elle permettait d’acheminer les cadavres pendant la nuit, une pratique spécifique au Duché d’Aquitaine à partir du Xe siècle et qui conserve encore une grande part de mystère. Ce fanal n’existe plus, mais la ville possède un de ses chapiteaux sur lequel figure une inscription gothique du XVe siècle : « Passants vos qui parcy passes, pries Dieu pour les trépassés… ».

    En plus des ossements, on a trouvé dans les tombes un cachet de bronze, des fers de lances, des poteries et des monnaies qui font remonter l’existence du cimetière bien avant le XIe siècle et son utilisation continue jusqu’à la fin du XVIIe. En poursuivant notre chemin jusqu’à la rambarde métallique, on a un beau point de vue sur l’extraction plus tardive de la pierre (du XVIIe au XIXe). Le charnier s’est transformé en carrière et la colline a commencé à être rognée. La chapelle de la Magdeleine trône maintenant isolée au sommet d’une falaise abrupte, l’extraction de la pierre ayant rendu le lieu particulièrement scénique. Malheureusement, la pioche de l’homme a aussi partiellement détruit un joyau, caché dans le rocher sous la chapelle.

    Cette partie de Saint-Emilion délaissée des visiteurs est un univers à part, parfois riant et parfois d’une inquiétante étrangeté. Cliché : Serge Bois-Prévost.

    Il s’agit d’une rotonde souterraine dont la coupole est couverte de fresques. La privatisation du sanctuaire en 1791, que déploraient déjà Léo Drouyn et Emilien Piganeau, ne permet malheureusement pas la visite de ce monument. Son entrée est au bas du rocher, sur le flanc non visible de la Chapelle et nous la décrivons plus en détail dans notre fiche consacrée à la chapelle de la Madeleine. Notons ici simplement que, comme pour la rotonde de l’église souterraine, celle de la Magdeleine est percée en son zénith d’un orifice faisant entrer la lumière du jour. Il s’agirait d’un très ancien tombeau, peut-être contenant des reliques, qui justifierait l’élévation de la chapelle postérieure et la popularité du lieu comme dernière demeure des croyants.

    Quel étrange lieu, en vérité. Si on avance encore un peu dans le champ qui surplombe Saint-Emilion, on découvre la cité en contrebas, comme un reflet dans un miroir concave. Tandis que derrière nous une chapelle se pose en gardienne d’une rotonde souterraine, sans doute tombeau reliquaire. Voici un véritable complexe funéraire au milieu d’un rocher percé de tombes rupestres et dont le creusement avait sans doute commencé avant l’arrivée de saint Emilian. Ne sommes nous pas ici au coeur de la cité primitive ? L’actuelle cité de Saint-Emilion ne nous semble-t-elle pas comme le second chapitre d’une histoire commencée ici ?
    ((/public/guide.png|Le Guide de Saint-Emilion|L|Le Guide de Saint-Emilion, juil. 2009))

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  • Les Chevaliers de l’Ordre du Temple

    • Accès : la Commanderie se situe à l’intersection de la rue Guadet et de l’escalier desservant la place Cap de Pont devant l’église des Cordeliers. La Commanderie fait face au bâtiment abritant un bar et lui était rattaché quand la rue Guadet n’était pas percée. Visite libre de l’extérieur, le rez-de-chaussée est un commerce actuellement fermé.

    Ce qui est un des plus beaux restes de l’architecture du XIIe siècle en Girondeselon l’expression de Henri de Marquessac dans son ouvrage sur les Hospitaliers de St-Jean de Jérusalem en Guyenne depuis le XIIe siècle, p. 45., est aussi un des bâtiments les plus étranges de Saint-Emilion. Considérablement mutilé par le percement de la rue Guadet à la fin du XIXe siècle, le bâtiment se poursuivait de l’autre côté de la rue, par la maison de la Cadène. Il formait un bloc dans la ville, contemporain de l’élévation des remparts (fin XIIe). Sa façade romane, seul vestige à peu près préservé de la physionomie originale (côté escalier), rappelle le style du palais cardinal. Les pierres taillées profitent de l’assise du rocher que l’on distingue encore ; il apparait tel qu’il était lorsque la pente était sauvage. Pour plusieurs chercheursLouis Serbat, Ezechiel Jean-Courret, Pierre Bertin-Roulleau, etc., cette façade est la preuve qu’existait dès l’origine un vaste plan d’urbanisme dont la commanderie fut un des éléments. Ce plan, apparemment pensé et dessiné jusque dans les styles ornementaux, prévoyait une enceinte de réunification (les remparts et leurs six portes) et une enceinte intérieure, traversant la ville, que devait commander ce bâtiment.

    D’où son échauguette d’angle XVe siècle, élément d’architecture militaire qui nous indique en creux qu’un danger était à craindre en cet endroit précis. Idem pour le chemin de ronde, bordé d’un parapet, qui part de cette échauguette et qui continue le long du mur (l’arbuste qui dépasse révèle son existence). On croit que ce chemin se poursuivait sur la maison de la Cadène puis communiquait avec le bâtiment de l’autre côté de la rue par l’arceau qui l’enjambe.

    La Commanderie avant le percement de la rue Guadet. Elle communique avec la maison dite de la Cadène dont la tour est reconnaissable à l’arrière plan de notre gravure. D’autres dessins de Léo Drouyn témoignent de l’aspect unifié des bâtiments aujourd’hui détruits. Cliché : Librairie des Colporteurs.

    Un complexe fortifié en pleine ville, à l’écart de la tour du roi, pourquoi pas, disent encore d’autres auteurs. Mais cela ne suffit pas à percer les secrets de ce curieux monument. Un détail intrigue, encore aujourd’hui, les tenants de l’hypothèse d’un édifice autonome non chargé de la défense de la ville : le pilier de la grande salle. Et en effet, si vous pénétrez dans la boutique du rez-de-chaussée, vous apercevrez un énorme pilier rond en belles pierres, couronné d’un chapiteau et pourvu de corbeaux soulageant la poutre. Les deux étages supérieurs ont eux-aussi des piliers qui reposent sur celui massif du rez-de-chaussée. Si cet appareillage et la charpente sont du XVe siècle, il est presque certain que le piler du bas est d’origine.

    Cette disposition témoigne d’une volonté de dégager la surface pour constituer une grande salleVoire trois grandes salles dans la mesure où les étages répliquent l’espace du bas.. Léo DrouynGuide du voyageur, p. 135. Voyez la bibliographie., qui a connu le bâtiment avant sa terrible mutilation, témoigne d’une autre singularité : cette grande pièce n’avait pas d’ouverture donnant sur l’extérieur. On y descendait par un escalier droit qui rampe contre le mur intérieur. La salle était éclairée par de longues ouvertures en meurtrières comme on en voit encore la trace sur le coté. A quoi servait cette grande salle, pourquoi préserver tant d’espace vide ?

    Plus étrange encore, lorsqu’on perça la rue Guadet, les terrassiers mirent à jour de nombreux silos creusés dans la roche tapissant le sous-sol de la Commanderie. Une hypothèse veut que ce bâtiment fût le lieu de commandement militaire de la cité. Les riches décorations romanes visibles encore pour une ou deux décennies, en particulier sur les fenêtres plein cintre séparées par une colonne, montrent des feuilles, des dents de loup, des zigzags et même, sur un tympan, une étoile enveloppée d’un cercle orné de têtes de clous. On imagine alors des officiers logeant ici avec une garnison à demeure contrôlant la rue des Grands Bancs (aujourd’hui rue de la Cadène), rue principale de Saint-Emilion jusqu’au XIXe siècle.

    Voilà pour l’hypothèse admise. Il en est une autre que l’on murmure dans les rues de la cité mais qu’on ne veut guère clamer. Ces ruines émouvantes seraient celles d’une commanderie templière.

    L’Ombre des Templiers

    Saint-Emilion fut un grand centre intellectuel, spirituel et commercial. La profusion des ordres représentés ne permet pas d’exclure une appartenance templière à ce curieux édifice que l’on appelle traditionnellement la commanderie.

    Les templiers étaient évidemment fortement implantés dans le Midi et la Guyenne n’était pas en reste. Non loin d’ici, la ville de Sainte-Foy-La-Grande possédait une puissante commanderie templière. Pour Saint-Emilion, nous n’avons pourtant qu’un faisceau d’indices que chacun interprète selon ses convictions. Gérard de Sède, et après lui François Querre, donnent un bon nombre de preuves en faveur d’une attribution templière, que l’on découvrira avec intérêt dans leurs ouvrages respectifs. Nous n’en retiendrons ici que trois.

    La fameuse étoile prisonnière d’un cercle, remarquable jadis sur le tympan d’une fenêtre aujourd’hui trop érodée, ressemblait beaucoup au pendentif templier en cuivre trouvé lors de fouilles dans l’église de Brélévenez en Bretagne et encore sculpté sur le dallage de cette même église. L’église souterraine de Saint-Emilion, quant à elle, abrite un enfeu au fond duquel est taillée une croix cerclée dont l’origine templière n’a jamais été mise en doute. Quant à la rotonde de cette même église souterraine, elle fait éminemment penser au Saint Sépulcre. Les templiers ayant pour habitude d’élever dans leurs commanderies des chapelles représentant de la rotonde de Jérusalem, on ne peut totalement écarter l’idée d’une présence templière à Saint Emilion.

    Ce sceau reproduit l’emblématique figure templière des deux cavaliers sur leur unique monture. Ceux qui voient dans Saint-Emilion une cité templière ne manquent pas de souligner l’analogie avec les Gémeaux et le Sagittaire figurant au coeur de l’église souterraine. Cliché : Wikimedia Commons.

    Mais en l’absence totale de texte, il est hardi d’aller plus loin, de considérer que les templiers sont les bâtisseurs de la cité fortifiée, que Saint-Emilion est en quelque sorte la Couvertoirade du Grand maître Bertrand de Blanquefort, que la ville et ses monuments forment un temple initiatique à ciel ouvert, que le plan de la cité correspond à un rayonnement astrologique, que le legs des templiers profite encore aujourd’hui aux héritiers alchimistes, aux initiés franc-maçons et à quelques sociétés secrètes…

    Admettre que la commanderie ait pu être templière, peut se limiter à lui accorder une simple fonction d’enclos urbain pour une exploitation indirecte des terres avoisinantes. Les terres pourraient alors avoir été exploitées par des tenanciers auxquels on consentait des baux comme à Cours en Agenais, par exempleLire à ce sujet Jacques Dubourg, Les Templiers dans le Sud-Ouest, Bordeaux, sud-Ouest, 2001, Isbn 2879014514, pp. 72 & ss.. La commanderie pouvait aussi jouer un rôle bancaire, commercial et foncier, voire assurer l’hébergement des pèlerins de Saint Jacques bien que le risque de contagion au coeur de la cité rende la chose moins probable.

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  • Un Bout de plage anglaise

    • Accès : pour avoir une bonne idée de la déclivité de la rue de la Porte Saint Martin, nous vous recommandons de la prendre au croisement de la rue des Ecoles et de la rue du Couvent, face à la porte Saint-Martin. Elle débouche en bas sur la rue de la Grande fontaine.

    C’est par la porte Saint-Martin que partaient les charrettes qui devaient rejoindre le port de Peyrefitte. Elles suivaient le « chemin du milieu », c’est à dire le plus court tracé à travers la campagne pour rejoindre la rivière où les voiliers les attendaient.
    Ces grands navires qui quittaient les ports gascons pour ramener des cargaisons pleines de barriques avaient de larges cales. Chargées des vins de Saint-Emilion, les coques s’enfonçaient lourdement dans l’océan, obtenant une ligne de flottaison idéale qui assurait au voilier stabilité par mauvais temps et rapidité par beau temps.

    En revanche, lorsque ces mêmes navires quittaient les côtes britanniques, ils auraient été bien légers et chancelants si on ne prenait la précaution de les lester. C’est-à-dire les charger d’un poids entassé au fond du vaisseau.
    Sur les quais des grands ports s’activaient tout un corps de métier, les lesteurs, qui chargeaient les navires d’une cargaison lourde et sans valeur et dont le va et vient procurait une grande animationJ. & C. Briot, Le lestage des navires à voiles au Havre, in Neptunia, n° 172, 1988, pp. 15-22.. Les lesteurs des ports hollandais remplissaient les navires de sable, parfois jusqu’à plus d’un tiers du tonnage.

    Sur cette enluminure du XVe siècle, un négociant fait gôuter son vin à un marchand au premier plan tandis qu’une grue charge les tonneaux à l’arrière plan. Cliché : Librairie des Colporteurs.

    Les navires qui s’aventuraient jusqu’au port de Saint-Emilion en profitant de l’amplitude de la marée, venaient surtout d’Angleterre et étaient donc chargés de pierres. Plus précisément, de gros galets récupérés sur les côtes britanniques, de l’Ecosse au Pays de Galle en passant par les plages irlandaises. Ils abandonnaient ces gros cailloux à hauteur du menhir de Peyrefitte pour les remplacer par les barriques pleines.

    La loi était formelle qui interdisait le délestage dans le lit de la rivière ce qui aurait eu pour conséquence de combler la berge portuaire ou de gêner l’écoulement de la Dordogne. Une ordonnance de la marine d’août 1681 obligea même le capitaine du navire à déclarer la quantité de galets à bord. S’il était pris à jeter des galets dans l’eau, le capitaine devait payer une forte amende. S’il récidivait, son navire était confisqué.

    Aussi avait-il tout intérêt à laisser les galets déchargés bien visibles. Ces monticules firent le bonheur des terrassiers de la région et Saint-Emilion les utilisa pour paver ses ruelles. Aujourd’hui, ces gros galets venus de côtes lointaines sont la terreur des chaussures à talon et les visiteurs les moins audacieux rebroussent chemin après quelques pas, lents et mal assurés, sur les faces arrondies. Les plus téméraires descendront au pas de course en pariant sur le premier arrivé en bas. A gagné celui qui parvient à toucher la gouttière de l’hôtel en ayant exactement le même nombre de dents au départ et à l’arrivée. Puis ils s’essaieront au même exercice dans le Tertre des vaillants, ruelle perpendiculaire (plus dur). Enfin, ceux qui ne sont pas décidés à mourir aujourd’hui iront à leur rythme, profitant du spectacle des jardins étagés et des anciens habitats troglodytes qu’offrent les rives de cette cascade de galets.

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  • Le Dédale merveilleux

    • Accès : Le musée est ouvert tous les jours de 10 à 19h, il est situé dans le bas de la cité, 21 rue André Loiseau, non loin de la place Bouqueyre. On l’atteint par la rue André Loiseau que l’on attrape depuis la Grande fontaine ou tout de suite à gauche en entrant dans la ville par le bas. 5 euros par personne, gratuit pour les moins de 12 ans, tarifs de groupes. Tél : 05 57 24 60 93.

    Car ce lieu qui affiche trop modestement ses prétentions est mille fois plus qu’un musée de la poterie. Une fois l’accueil passé, vous serez conviés à traverser le jardin de l’ancien hôpital et à vous enfoncer sous la roche à la rencontre d’un monde. C’est une promenade qui, au-delà des trésors archéologiques qu’elle croise, grave un souvenir durable dans l’esprit des enfants comme dans celui des adultes. Les plus jeunes auront l’impression de pénétrer dans l’antre d’un dragon collectionneur et les autres d’avoir consommé quelques substances hallucinogènes : un four Gallo-Romain voisine d’énormes chaudrons de sorcières, une chaussure cloutée écrase des châtaignes face à une cloche qui ne sait pas sonner, un épi de faîtage à forme humaine montre la direction d’une échoppe troglodyte, une famille de lutins aménage sa maison dans une cuisinière à gaz, des anges s’élancent au détour d’un couloir pour saluer Aphrodite apparaissant sur une plaque de cheminée.

    Le passage contenant les 50 céramiques de Daniel Piron du Frastel. Cliché : Olivier Boisseau.

    Impossible de faire ici l’inventaire des richesses de cet eldorado souterrain. Ces gigantesques couloirs, parfois couverts de mousses vertes et bleues, accroissent nos connaissances sur l’archéologie, l’art et même l’histoire de l’Aquitaine sous les Plantagenets par le simple plaisir de la balade. On en ressort enrichi.

    Une partie seulement du dédale est accessible mais c’est bien suffisant. On peut librement ne rester que quelques minutes comme plusieurs heures, sans une seconde se lasser de cette plongée sans un Saint-Emilion souterrain extraordinaire. Que les plus frileux n’hésitent pas à demander un châle à l’entrée.

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  • L’hôpital et sa chapelle mouvante

    • Accès : l’hospice de la Madeleine est situé dans le bas de la cité, non loin de la place Bouqueyre. On l’atteint par la rue André Loiseau que l’on attrape depuis la Grande fontaine ou tout de suite à gauche en entrant dans la ville par le bas.

    La cité de Saint-Emilion, en plus de posséder plusieurs établissements religieux remarquables, était aussi fortement dotée d’établissements hospitaliers : l’hôpital Saint-Julien (peut-être à proximité des Grandes murailles, disparu)Emilien Piganeau in Bulletin de la Société archéologique de Bordeaux, Tome XXVII, 1905, p. 35., l’hôpital de la Gaffelière (au bas de la ville) et l’hôpital de la Madeleine.

    Les hospices du Moyen Age, asiles pour pèlerins ou refuges de lépreux et de pestiférés, sont situés de préférence à l’écart des murs de la ville, pour éviter la contamination intra muros. Celui de la Madeleine, occupant dès le XIVe siècle un emplacement proche de la Grande FontaineLe registre de la jurade de Saint-Emilion à la date du 23 janvier 1677 évoque sans trop de précision l’ancien et le nouvel emplacement de l’hôpital. Nos déductions sont faites sur les maigres indications qui y sont données. , était vraisemblablement plus destiné à l’accueil des blessés et des malades dont la contagion n’était pas à craindre tandis que l’affectation de la Gaffelière est clairement liée à la lèpre, gaffet en gascon signifiant lépreux.

    L’Hospice de la Madeleine possédait une chapelle dès 1545, la chapelle Sainte Marguerite et son petit cimetière, situés à l’angle actuel de la rue de la Grande fontaine et de la rue de la Porte Saint MartinEmilien Piganeau situe la chapelle dans la maison d’un peintre en bâtiments où on remarque divers jambages ayant appartenus à une ancienne porte d’église. In Bulletin de la société archéologique de Bordeaux, 1874, p. 51., aujourd’hui disparueLa chapelle, vendue à l’époque de la Révolution, existait encore en 1819. Un dessin de cette date, que nous n’avons pas vu, la représenterait à peu près dans son entier.. A cause de sa situation à la fois éloignée de l’hôpital et de son installation dans une rue très passante, sa fréquentation diminua. En 1677, le chapelain se plaint d’être « notablement interrompu pendant la célébration de la Sainte Messe par des blasphèmes ou paroles sales qu’on y entend proférer par des personnes scandaleuses ou ivres qui s’arrêtent tout contre dans la rue et cela principalement les dimanches et fêtes auxquels jours il y a grand concours de paysans. »

    A la fin du XVIIe siècle, l’archevêque de Bordeaux Henri de Béthune (1646-1680) ordonne le transfert de la chapelle contre le nouvel hôpital, celui devant lequel vous êtes maintenant. Depuis, la chapelle a été transférée à l’étage, au dessus de l’entrée du musée. Elle offre une jolie charpente en coque de navire et sa présence se signale par son clocheton. La cloche a été retirée et remplacée par un élégant ange blanc dont le style est sujet de nombreuses tentatives de datation par les visiteurs. En réalité, cet ange est une création contemporaine de l’artiste Michel Wohlfahrt dont d’autres oeuvres sont à découvrir au fond d’une galerie souterraine du musée.

    Les épidémies de peste ont continué à sévir à Saint-Emilion au XVIIe siècle, obligeant les jurats à fermer les portes de la ville et à s’isoler du reste du monde. L’hôtel dieu de Saint-Emilion faisait en ces temps incertains l’objet d’une attention particulière. La direction de l’hôpital et l’exercice de la charité vont devenir des enjeux âprement disputés par le Chapitre, direction religieuse de Saint-Emilion, opposé à la Jurade, direction civilePhilippe Loupès in La religion populaire en Aquitaine, p. 77. Voyez la bibliographie.. L’hôpital sera toujours à l’honneur en 1837, lorsque le docteur et chirurgien Gustave Victor Lafargue inventera des procédés anesthésiques par inoculation d’opium ou de morphine qui attacheront à Saint-Emilion une renommée internationale.

    Il servira encore à abriter une garnison américaine à la Libération. Aujourd’hui, le personnel médical a quitté les murs et il nous reste ce large bâtiment à l’élégante façade classique (XVIIe). La porte de gauche (actuelle entrée du musée) servait au service des malades tandis que la porte de réception, surmontée d’une arcade en cul-de-four très pure, ouvre sur un bel escalier qui dessert les étages. Les pièces, chauffées par de nombreuses cheminées assuraient un confort hivernal aux malades. Le parc clos, ombragé par la falaise, aidait à la convalescence tandis que la source d’eau claire procurait une hygiène permanente. L’immeuble qui vient d’être vendu se divise maintenant en appartements de standing.

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  • Le Théâtre de verdure de la porte Saint Martin

    • Accès : la porte Saint-Martin est à la sortie ouest de la cité. On l’atteint de l’intérieur en remontant la rue éponyme, la rue des Ecoles ou la rue du Couvent. De l’extérieur, il suffit de suivre les remparts : depuis la collégiale, la porte est à l’autre bout du parking dans les douves.

    La porte tire son nom du chemin qu’elle gardait, une route conduisant à la paroisse de Saint-Martin de Mazerat. Cette ancienne commune de la juridiction n’existe plus, elle a été rattachée à la ville de Saint-Emilion en 1790. L’ancienne voie de communication avait son importance, elle menait aussi au château de Condat, possession personnelle des ducs d’Aquitaine et lieu de séjour de Edouard, Prince de Galles, fils ainé de Edouard III. C’est dans ce château qu’il maintint prisonnier le Dogue noir de Brocéliande, Bertrand du Guesclin. En 1377, Du Guesclin rasa le château après la prise de la ville de Libourne, ne laissant que la chapelle, toujours visible.

    La porte Saint-Martin a été sévèrement mutilée au milieu du XIXe siècle, ce n’est plus qu’une percée étroite dans la muraille, s’ouvrant en V comme une tranche de gâteau. En 1844, prétextant un écroulement et lui accordant peu de valeur patrimoniale, le maire la fait raser. D’après Emilien Piganeauin Bulletin de la Société archéologique de Bordeaux, tome IX, p. 72. qui se souvient l’avoir vue enfant, la porte possédait des arceaux et ne devait guère être éloignée du style de la porte Brunet. A l’instar de cette dernière, elle devait-être sobrement décorée. Sur la partie droite côté extérieur, vestige du pilier de la porte le mieux conservé, un listel décoré en dent de scie se remarque. Dans le reste des remparts, à droite et à gauche, on distingue des contreforts plats qui indiquent clairement que la porte est contemporaine du reste des fortifications (fin XIIe-début XIIIe). Remarquez aussi l’archère, intacte, dans le mur de droite.

    Comme la plupart des portes de la ville, la porte Saint-Martin possédait son ouvrage défensif avancé dont on devine à peine les vestiges dans le mur remodelé du parking. Ce mur demi-circulaire précédant la porte formait une barbacane. Celle-ci permettait à la garnison de rejoindre ce point saillant tout en restant à couvert. En revanche, difficile de dire si le puits que l’on voit dans le mur avait une quelconque existence à l’origine.

    Lorsque l’alerte était donnée, une partie des défenseurs grimpait au sommet de la porte via le chemin de ronde dont un des accès est toujours visible dans l’épaisseur de la porte. Derrière la grille, qui en interdit l’accès, on voit encore la frise en saillie qui recevait le dallage du large chemin de ronde. Une ouverture sur le côté de l’escalier donne directement accès dans la maison adossée. Couverts par les tirs amis de la porte, l’autre partie des défenseurs pouvait risquer des sorties, protéger une retraite ou introduire un corps de secours depuis la barbacane. Entre les deux ouvrages défensifs, un pont en bois enjambait les fossés à la place du petit pont de pierre aujourd’hui comblé.

    Cette face enigmatique est attribuée à un sorcier. L’origine et la datation de cette sculpture est des plus incertaines.

    Coté extérieur, les douves sèches filent jusqu’à l’église de la collégiale, passant sous le logis de Malet et offrant une perspective pittoresque sur la portion des remparts la mieux conservée de la cité. L’espace est aujourd’hui converti en parking privé, la place de stationnement manquant cruellement à Saint-Emilion. On remarque en hauteur une restauration offrant un encadrement pour une annonce publicitaire peinte. Voici comment un observateur décrit la perspective en 1874Emilien Piganeau, Op. Cit. :

    « Regardons à notre gauche la ligne murale qui a conservé ici presque toute sa hauteur primitive, quelques créneaux et quelques meurtrières rondes pour les arquebuses, à droite dans le creux du fossé ces masses de rochers devenues en partie des habitations troglodytes comme nous en avons déjà remarquées à la Madeleine, cette autre suite de fossés larges et profonds, tracés, travail surhumain, dans la roche vivace et livrés maintenant à la culture, ces arbustes effleurant leurs bords extérieurs en mariant leur verdure ensoleillée à la tonalité grisâtre des murailles, cette ligne harmonieuse des remparts relevée par le faite aigu de l’ancien logis des Malet de Roquefort et par la façade occidentale de la Collégiale, dans le fond le chemin pierreux d’où émergent encore, au milieu des pampres verts, les grandes murailles, l’horizon bleuâtre qui se confond avec le ciel, enfin une trouée dans la ville protégée de son clocher, voilà un point magnifique que l’on dirait avoir été disposé à plaisir par l’artiste le plus inspiré. »

    Sur la droite, un mur est venu barrer les douves, offrant un écrin de verdure transformé en petit parc. Ce petit théâtre de la porte Saint-Martin, discrètement loti au pied de la muraille et complanté d’arbustes, est un lieu privilégié pour pique-niquer. Ici, le rocher rappelle la présence des vagues salées qui jadis léchaient le flanc en créant de petites cavités. Confortablement assis sur un banc, on peut observer le mariage du roc naturel avec le mur du moyen-âge. Si vous laissez trainer votre regard derrière, vous verrez aussi comment l’hommeOn nous assure que cet espace servit un temps de jardin aux Ursulines. Ce curieux drainage de petits bassins en terrasses est peut-être de leurs mains. a finement taillé la roche pour diriger l’eau en plusieurs bassins peu profonds qui servaient jadis à la désaltération des bêtes. Peu de visiteurs profitent du lieu, faute d’en connaître l’existence et le charme. Un bon plan donc, si vous voulez marquer une pause dans votre promenade, bercé par le calme et l’ombre fraiche, disposant d’un point d’eau potable à proximité. Et si vous êtes pugnace et méritant, « lou sorcièr », sculpture archaïque d’un autre âgeLe style évoque une représentation populaire du XVIIIe siècle., devrait se révéler à vous. Si vous le rencontrez, soyez fier car le sorcier se montre rarement, peu de Saint-Emilionnais peuvent se vanter de connaître son repère…

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